Ça, c’est le genre de question qu’on n’aime pas
Il me semble que l’IUF a commencé à travailler sur le sujet. Mais comme tu le dis, c’est une question très complexe. Et je ne me vois pas la résoudre à l’heure actuelle. Je pense qu’il va falloir attendre que les normes et les usages évoluent pour qu’on y voit plus clair. En tant que petite fédération, on se calque généralement sur les règles des plus grosses…
Je lui ai posé quelques questions histoire de bien comprendre sa demande. Je ferai un résumé ici quand tout sera clair pour moi.
Si ça me semble possible je pense que j’essayerai d’intégrer cette problématique pour la prochaine édition du Monoster-one trial games. J’ai l’avantage d’être seul au commande de l’organisation et donc de pouvoir faire un peu comme je veux.
Mais pourquoi !? Et en quoi la question est-elle complexe ? Je ne comprends pas !
Dans quelle catégorie une personne transsexuelle doit-elle concourir ? Hommes, femmes ? Comment s’assurer qu’elle ne soit pas avantagée par rapport aux autres concurrent.e.s ? Typiquement, une personne née homme puis devenue femme risque d’avoir plus de testostérone qu’une personne née femme ; ce qui peut représenter un avantage si on fait concourir cette personne dans la catégorie « Femmes ». Comment pouvons-nous trancher simplement cette question ?
À mes yeux, ça nous dépasse largement et je ne sais pas quelle réponse apporter.
Ah ! Je ne savais pas qu’il existait des catégories de genre et j’avoue que ça me surprend. La pratique du monocycle me semble pourtant parfaitement mixte. Je ne suis pas sûr que la testostérone et les muscles y soient pour beaucoup dans le niveau d’un monocycliste. Je doute également que Daffodil ou d’autres personnes transgenres aient opéré leur transition pour être avantagés lors des épreuves de l’Unicon. Pour moi, la question n’est pas complexe, il n’y a pas de débat : je trouve inadmissible et terriblement injuste que Daffodil ne puisse pas participer à l’Unicon ! Il me semble que ça n’est pas la question qui est complexe, mais davantage sa vie et les choix qui se sont imposés à lui. Je pense que la question n’est pas complexe, et que c’est un faux débat. Je pense qu’il faudrait supprimer les catégories de genre plutôt que d’exclure des personnes non genrées, et à défaut, supprimer la compétition (comme à l’aïkido), tout simplement. Désolé, mais ça me met en colère. Sachant cela, la question s’impose en effet, et il faudra que chacun se positionne clairement. Personnellement, je me désolidariserai de toute événement et/ou organisation qui exclut les personnes non genrées.
Quand on parle de sport, ne parle t’on pas de compétence physique essentiellement ?
D’accord pour que Curling, la pétanque ou le billard par exemple ne soit pas genrés mais pour les autres comme le foot, le tennis et 90% des autres sports ?
D’ailleurs, le cyclisme en compétition (qui s’approche pas mal du mono) n’est pas mixte et le trial en monocycle non plus je crois.
Effectivement, c’est pas simple…
Les réflexions à base de « je ne suis pas sûr que… » sont le meilleur moyen de prendre de mauvaises décisions sur des sujets que l’on ne maîtrise pas. Nous ne sommes pas médecins. Et même les médecins semblent avoir du mal à trancher sur le sujet, puisqu’il touche à la fois à un « problème » médical qu’à un sujet de société (un médecin conservateur aura tendance à dire que les personnes nées hommes doivent concourir avec les hommes et inversement tandis qu’un médecin progressiste aura tendance à soutenir une personne transsexuelle à participer dans sa nouvelle catégorie),
Par ailleurs, dans l’état actuel, on ne peut pas regrouper les hommes et les femmes dans une même catégorie pour la majorité des disciplines en mono : dans toutes les courses, très rares sont les femmes qui peuvent égaler de bons monocyclistes hommes (sans que ces derniers ne soient excellents). Si je prends mon exemple en particulier, je suis loin d’être le meilleur en 10k ou en marathon, et il n’y a pourtant qu’une femme au monde qui ait un niveau égal ou supérieur au mien. Si on regroupait les catégories de genre, on invisibiliserait les meilleures femmes : elles ne seraient plus que des concurrentes moyennes, alors qu’elles représentent les meilleures femmes de leur discipline. Un effet engendré serait que les petites filles n’auraient plus de modèles féminins auxquels s’identifier pour progresser, ce qui mènerait à un abaissement du nombre de filles qui souhaitent se mettre à la discipline pour performer. En somme, ce serait très mauvais pour la nouvelle génération.
Ce n’est pas possible. Tout d’abord, parce qu’il y aura toujours des personnes qui voudront se confronter aux autres. Mais également parce que la compétition, qu’on le veuille ou non, permet de se dépasser, de progresser et de faire progresser le sport. Sans compétition, je pense qu’on n’aurait jamais vu de monocyclistes aussi rapides sur route, ni aussi fort en descente ou en cross. Et il en va de même pour toutes les disciplines.
Cependant, ce sur quoi je pense que l’on peut se rejoindre, la compétition seule est très mauvaise. La pratique d’un sport, quel qu’il soit, doit être un plaisir avant tout. Et c’est pour ça que je milite également pour que l’on conserve des rencontres purement amicales, dans lesquelles les compétitions ne sont pas au centre du séjour (comme par exemple, feu Y’a du jeu dans ta roue).
Maintenant, la question reste entière : comment fait-on pour assurer une certaine équité entre tou.te.s les concurrent.e.s d’une compétition, sans pour autant empêcher la participation des personnes transsexuelles ou non-genrées ?
De mon point de vue, il n’y a pas de catégories de genre, mais des catégories de sexe.
Pour une personne transgenre, elle concourt avec les personnes de son sexe.
Pour une personne transsexuelle, même au niveau international dans des sports maintream la question n’est pas totalement tranchée j’ai l’impression (ce qui n’empêche pas qu’à un instant T des choix soient faits).
Globalement, sujet très casse gueule, merci d’en parler, et merci @Maxence de te risquer à l’exercice de synthèse et parole mesurée qu’on attend de ton poste
Ta question en fin de dernier message me semble particulièrement bien formulée. A compléter par l’autre côté du miroir : « comment fait-on pour permettre la participation des personnes transsexuelles ou non-genrées tout en assurant une certaine équité entre tou.te.s les concurrent.e.s d’une compétition ? »
Même si c’est éminemment complexe, que ça croise biologie, société, avis personnels et tout un tas de domaines… on peut évidemment en discuter sur ce forum, mais :
1/ si vous voulez poursuivre, je vous invite à en faire un sujet à part entière sans mélanger jeu vidéo et questions de genre et sexe en compétition
2/ restons mesurés dans nos propos, au moindre dérapage je m’autorise en tant que modo à couper court en fermant le sujet
Ça existe dans tous les sports pratiqués en compétition, car les hommes et les femmes ne sont pas égaux pour plein de raisons (musculature, masse grasse, répartition des masses, taille, taux de testostérone, cycle menstruel, etc…). Et ça entraîne des différences majeures dans les résultats.
Par exemple en athlétisme :
- Record du monde du 100 m : H → 9s58 / F → 10s49
- Record du monde du marathon : H → 2h0m35s / F → 2h11m53s
Ça n’est que deux exemples, mais c’est comme ça dans la très grande majorité des sports, y compris en monocycle. Par exemple au dernier unicon, sur le marathon standard le premier homme finit en 1h30m34s, et la première femme en 1h46m40s, ce qui la classerait 15eme avec les hommes.
Il y a peut être des disciplines ou les filles ont un niveau équivalent ou supérieur, mais elles sont rares (je pense au freestyle, mais je n’en suis même pas sûr).
Maintenant si un homme (biologique) décide (pour quelques raisons que ce soit) de devenir une femme, iel aura au minimum un passif de taux de testostérone très supérieur, donc une musculature et une anatomie qui lui permettront de meilleurs résultats que les filles biologiques. Dans le même temps, iel perdra rapidement son niveau par rapport aux hommes et se retrouvera dans un entre deux où il n’y aura que des personnes dans son cas.
Il y aurait bien sûr la possibilité de faire concourir cette personne avec les hommes, mais en sachant pertinemment qu’iel n’atteindra jamais les podiums. Et dans l’autre sens c’est pire, car (à ma connaissance très limitée), pour passer de femme à homme, il y a nécessairement prises d’hormones (notamment de testostérone), et donc (à mon sens) dopage.
Bref, comme l’a dit Maxence c’est un sujet beaucoup plus complexe que « c’est pas juste, tout le monde devrait être égal » Je suis conscient que cette formulation est une déformation du message de Nico, mais ça n’est en aucun cas une attaque. Et c’est en plus un sujet particulièrement casse gueule à cause de ses implications sociétales, qu’elles soient justifiées ou non.
Comme l’a dit Chouch, il serait bon de créer un sujet propre à ce débat, afin de ne pas pourrir celui-ci.
Sinon sur le sujet du jeu, je testerai ça dès mon retour en France, dans un mois.
Tkt, je suis d’accord en fait, à la nuance que je ne milite pas pour que tout le monde soit égal, mais pour que personne ne soit jamais exclu ; quitte à courir un risque d’erreur, je préfère risquer d’avantager quelqu’un plutôt que de rajouter de la peine à la peine
Les réflexions à base de " je pense que " ou « je ne suis pas sûr que… » sont le meilleur moyen de prendre de mauvaises décisions sur des sujets que l’on ne maîtrise pas.
Plaisanterie mise à part, outre qu’on ne peut pas en être certain, je ne suis pas tout à fait d’accord et tu le sais ; je te renvoie à nouveau à l’exemple de l’aïkido, dont les principes sont incompatibles avec ceux de la compétition, mais reposent essentiellement sur la vigilance, la bienveillance et l’Amour ; et ça n’empêche pas pour autant d’en faire un art martial, une école d’exigence, de discipline d’excellence, de développement et d’épanouissement personnel…
Merci Maxence !
Il faut aussi le prendre en sens inverse : si tu avantages quelqu’un, tu désavantages une ou plusieurs autres personnes. Tu rajoutes donc de la peine à la peine
C’est pour ça que je ne souhaite pas prendre de décision sur un sujet que je ne maîtrise pas
Oui , mais il y a peine et « peine » (il faut comparer ce qui est comparable) ; après, sans maîtriser le sujet et sans pour autant devoir prendre de décision, on peut toujours prendre position (on le doit parfois) ; c’est ce que j’ai fait, parce que je supporte mal l’injustice, mais vu ta position, je comprends aussi que tu prennes des précautions.
Sujet intéressant et même avant cela il y a le cas de femmes, nées femmes mais avec des profils hormonaux « hors normes » qui leur donnent un certain avantage si on les laisse concourir dans leur catégorie de femmes …
Il serait fort bienvenu que le milieu du monocycle (sportif), communauté marginale, progressiste et inclusive s’il en est, montre l’exemple et accepte les personnes transgenres dans la catégorie où iels se reconnaissent.
Voilà, tout simplement, merci @Monsieur_K, je suis complètement d’accord !
Est-ce que tu as des exemples de discipline sportives où ce type de décision a été pris ? Ça serait intéressant d’avoir les arguments et les résultats d’une vraie tentative.
Car dans ce cas de figure, tu autorises des hommes biologiques à concourir contre des femmes biologiques, ça va bien plus loin qu’une proposition pour intégrer les transsexuels dans leur catégorie post transition.
Le seul autre sport marginal et progressiste que j’ai pu fréquenter (de plus loin) c’est le roller derby, il faut probablement regarder de ce côté.
En gros, ce que tu nous expliques @chouch, c’est que vu qu’aucune fédération ne se décide à inclure les personnes transgenres, ces dernières devraient renoncer à pratiquer quelque sport que ce soit en compétition, c’est bien ça ?
Je pense surtout qu’on peut éviter les sophismes premier prix si on veut pouvoir poursuivre la discussion sereinement.