Comme j’ai souvent des questions sur les pédales automatiques, je me permets de créer un sujet pour en parler, pour expliquer ce que c’est, quels sont les avantages en mono et qui peut en profiter. Je vais essayer d’être le plus complet possible, mais n’hésitez pas à ajouter des éléments ou à me corriger.
Avant d’aller plus loin, un avertissement : ce type de pédales présente un risque supplémentaire par rapport à des pédales plates. Ne vous engagez pas là-dedans s’il vous arrive régulièrement de tomber.
1. C'est quoi ?
Une pédale automatique, c’est une pédale à laquelle la chaussure vient s’attacher. L’attache se fait via deux éléments :
- Une cale sous la chaussure;
- Une cage sur la pédale.
Exemple de pédales automatiques avec leurs cales
Il existe de très nombreuses pédales différentes, avec plusieurs standards. Dans ce sujet, je vais donc me concentrer sur les standards les plus utilisés car l’idée n’est pas de détailler tous ceux qui existent. Libre à chacun de faire des recherches là-dessus ; il existe de nombreux sujets qui en parlent ! Nous avons donc :
- SPD, pour Shimano Pedaling Dynamics : c’est le standard poussé par Shimano pour les disciplines tout-terrain et pour des usages mixtes ;
- SPD-SL, pour Shimano Pedaling Dynamics - Standard Look (en référence à la marque française Look, ayant introduit pour la première fois les pédales automatiques) : un autre standard poussé par Shimano, pour le cyclisme de route ;
- Crankbrothers : standard destiné aux usages tout-terrains et mixtes.
Il convient aussi de citer 2 autres types de pédales, qui peuvent intéresser certaines personnes :
- les pédales mixtes, possédant une face plate et une autre automatique : pratique lorsque le mono est utilisé pour différents usages ;
- les pédales magnétiques, type Magped : un aimant sous le pied permet de le maintenir collé à la pédale, sans toutefois qu’il ne soit totalement bloqué.
2. À quoi ça sert ?
Les avantages sont multiples en monocycle :
- Meilleure tenue du pied sur la pédale : selon moi, c’est l’argument numéro 1. Le pied est maintenu sur la pédale, ce qui signifie qu’il ne saute pas lorsque le mono subit un choc (trou, bosse, racine, caillou, …). La stabilité s’en trouve améliorée, notamment à haute vitesse/cadence.
- Plus de puissance : puisque les pieds sont bloqués dans une cage, il est possible de tirer sur le pied qui remonte pour décupler la force transmise dans l’axe. Cette puissance supplémentaire permet notamment de forcer dans les montées pour gravir des pentes plus importantes, mais également d’accélérer plus rapidement.
- Les pieds sont toujours dans la même position : avantage mineur, mais non-négligeable pour les personnes qui roulent avec un axe à vitesse (type Schlumpf) ou débrayable (type Flik Flok). Cette caractéristique permet d’avoir un enclenchement/déclenchement beaucoup plus précis, car le mouvement est toujours le même. Pas besoin de replacer ses pieds sur les pédales pour être sûr de ne pas se rater.
- Le pédalage peut se retrouver fluidifié, ce qui peut réduire la fatigue sur un effort long.
3. Quels sont les inconvénients ?
Le premier inconvénient est le danger supplémentaire. Les pieds étant fixés aux pédales, lors d’une chute (« UPD »), si le monocycliste n’est pas assez rapide, il risque de finir à terre, accroché à son mono. Les risques associés peuvent être la fracture des poignets ou de taper le menton violemment contre le sol. Selon la vitesse à laquelle la chute se produit, le danger augmente.
Par ailleurs, si les pédales ou les cales sont mal réglées, ça peut déclencher des douleurs aux genoux. Attention donc au réglage. Il faut que les pieds soient dans une position naturelle. Les cales peuvent ainsi se régler dans la longueur ou la largeur.
Le second inconvénient est la nécessité d’avoir une paire de chaussures spécialement dédiées à ce type de pédales. Par ailleurs, ces chaussures ne sont généralement pas agréables pour marcher. Si le monocycle doit être utilisé pour se déplacer, il faut prévoir une paire de chaussures supplémentaire à l’arrivée - ou alors opter pour des chaussures typées enduro, moins rigides, permettant une marche légèrement plus agréable.
Le troisième inconvénient est plus mineur : comme il existe différents standards, toutes les chaussures ne vont pas avec toutes les pédales. Typiquement, les pédales SDP-SL - pour la route - utilisent des cales à 3 vis tandis que les pédales Crankbrothers et SPD utilisent des cales à 2 vis. On ne peut donc pas utiliser des chaussures compatibles SPD-SL avec des pédales SPD ou Crankbrothers et inversement. Mais on peut utiliser des chaussures compatibles SPD pour des pédales Crankbrothers et inversement (à condition d’avoir les bonnes cales). En somme, si vous souhaitez avoir plusieurs monos avec différents standards, il faudra peut-être plusieurs chaussures.
Quatrième inconvénient, il faut vérifier régulièrement que les cales sont bien vissées sous chez les chaussures. Dans le cas contraire, elles risquent de se détacher au mauvais moment, ce qui peut donner lieu à une situation dangereuse. Il m’est déjà arrivé de galérer à libérer mon pied car une vis s’était dévissée !
Cinquième et dernier inconvénient, utiliser des chaussures traditionnelles avec des pédales automatiques est généralement désagréable, car on sent la cage métallique sous le pied et on perd en adhérence sur la pédale. C’est là que les pédales mixtes entrent en jeu, justement pour un usage mixte. La possibilité de rouler avec des chaussures plates et avec des chaussures adaptées sur une même paire de pédales est intéressante, mais il faut trouver la bonne face lors de la montée en selle… Ce qui peut s’avérer compliqué !
4. Pour qui ?
Comme indiqué au début de ce sujet, ce type de pédales présente un risque supplémentaire. Il est donc fortement déconseillé aux débutants. Si vous ne retombez pas sur vos pieds dans 95% des cas, passez votre chemin au risque de vous blesser sérieusement.
Pour rappel, dans les sports collectifs (mono-basket, mono-hockey), il est interdit d’être attaché à son mono. Il est donc interdit d’utiliser des pédales automatiques dans ces disciplines. De même, les pédales métalliques sont interdites en athlétisme, ce qui exclut d’office les pédales automatiques qui ont généralement une cage en métal.
En outre, les disciplines qui proposent des figures (freestyle, flat, street) demandent aux pieds d’être libres. Les pédales automatiques ne sont donc pas intéressantes ici.
Ce type de pédale trouve alors son intérêt au sein des « rouleurs » souhaitant gagner en vitesse et en puissance. Que ce soit sur la route ou en tout-terrain, des pédales automatiques peuvent être un réel gain à condition de savoir retomber sur ses pieds dans la majorité des situations.
Si vous aimez rouler vite mais que vous avez peur que vos pieds ne sautent des pédales à la moindre bosse, alors ce type de pédale est fait pour vous ! Si vous aimez faire des cols ou de l’enduro mais que vous trouvez que vous manquez de puissance pour les plus grosses pentes, alors ce type de pédale est fait pour vous !
5. Comment s'initier ?
La première chose est de trouver la bonne paire de pédales. Selon moi, il vaut mieux trouver une paire de pédales automatiques SPD avec plateformes, telles que des Shimano SPD ED500 plutôt qu’une paire de pédales sans plateformes, telles que des Shimano SPD M520.
Pédales Shimano SPD ED500
La surface d’appui supplémentaire permet de positionner le pied correctement avant de « clipser » - c’est le terme utilisé pour l’action de bloquer son pied dans la pédale.
Je déconseillerais aussi d’utiliser des pédales de route (SPD-SL) immédiatement, car le déclenchement est difficile, ce qui rend l’utilisation encore plus dangereuse.
Il faut ensuite régler la tension de ces pédales au minimum. En général, il suffit d’une petite clé Allen. Rien de compliqué !
Point suivant, il faut des chaussures. Pour ce point, je n’ai pas vraiment de conseil si ce n’est de ne pas prendre des chaussures haut de gamme tout de suite. Il vaut mieux s’entraîner avec des chaussures bas de gamme dans un premier temps, afin d’être sûr que les sensations vous conviennent. Faites attention à ce que les chaussures que vous achetez soient compatibles avec les pédales que vous avez choisies.
Dernier point matériel, il faut des cales à visser sous les chaussures. Elles sont parfois fournies directement avec les pédales. Attention dans ce cas, il existe plusieurs modèles de cales. Certaines sont plus simples à déclencher que d’autres. Si vous choisissez des pédales SPD, je vous conseillerais de prendre des cales Shimano SM-SH56 « multidirectionnelles ». Elles sont plus simples à déclencher que des cales Shimano SM-SH51 « unidirectionnelles ».
Maintenant que vous êtes bien équipé.e.s, il est l’heure de mettre des protections : casque - intégral si possible -, gants, coudières, genouillères. Ensuite, il faut trouver un terrain pas trop dur, sur lequel la première chute ne fera pas trop mal. Car oui, vous allez très probablement tomber la première fois que vous allez rouler en étant clipsé ! Il faut également qu’il y ait un mur ou une barre sur lequel/laquelle vous pourrez vous appuyer pour monter sur le mono, en descendre et vous exercer à clipser et déclipser.
Cet homme est équipé correctement pour rouler en pédales automatiques
Vous avez vos pédales, vos chaussures, vos protections et votre terrain d’apprentissage ? Génial, il est l’heure de pratiquer ! Appuyé.e contre le mur ou la barre, montez sur votre mono. Vous allez sentir des protubérances désagréables au-dessus des pédales, ce qui est normal. Ce sont les cages des pédales qui ne sont pas positionnées correctement. Bougez l’un de vos pieds en appuyant un peu sur la pédale. Vous devriez sentir le moment où la cale se positionne dans la cage, avec un clic sonore. Ça y est, vous avez clipsé pour la première fois ! Effectuez la même opération de l’autre côté… Vous voilà complètement accroché.e à votre mono, félicitations ! Pour libérer un pied, effectuez un mouvement de talon vers l’extérieur. Vous devriez sentir votre pied se libérer. Effectuez le même mouvement de l’autre côté et vous devriez être totalement libéré.e ! Vous pouvez descendre de votre mono et souffler un coup. Maintenant, il est l’heure de répéter ce petit exercice quelques dizaines de fois. Vous n’êtes pas obligé.e de descendre à chaque fois du mono, mais il faut habituer votre corps à ces mouvements de clip et déclip. Il faut qu’ils finissent par devenir naturel pour que les pédales ne soient plus dangereuses.
Maintenant que vous avez bien intégré le mouvement, il est l’heure de faire les premiers tours de roue. Élancez-vous, roulez un peu, sentez que les pédales remontent avec vos pieds. Revenez vers le mur ou la barre et descendez. Soufflez un coup, puis répétez.
Quand vous vous sentez prêt.e, vous pouvez rouler et vous arrêter au milieu du terrain. Gare à la chute, c’est généralement à ce moment-là qu’on commence à tomber
Répétez l’exercice puis, quand vous le sentez, vous pouvez partir pour votre première balade. À partir de là, vous êtes libre !
Faites tout de même attention à ne pas vous sur-estimer. Au début, le corps n’a pas complètement intégré le réflexe du déclenchement. Si vous allez trop vite ou que vous vous engagez dans des sentiers techniques, vous risquez la chute dangereuse. Restez donc à une vitesse que vous maîtrisez, sur des routes et sentiers qui sont simples pour vous.
6. Et ensuite ?
Quand vous commencerez à rouler régulièrement en pédales automatiques, vous allez parfois sentir que votre pied se déclipse tout seul. À ce moment, il faut songer à resserrer légèrement les pédales. Plus tard, si vous en sentez le besoin, vous pouvez également prendre des cales plus dures à déclencher, avec moins de jeu (type SM-SH51) ou changer de type de pédales (par exemple, des pédales SPD-SL, pour la route). Les gains sont toutefois minimes et les dangers augmentent drastiquement. Ce changement de matériel doit donc s’effectuer dans une phase d’optimisation, quand vous êtes déjà excellent.e.
Pour ma part, je roule toujours en SM-SH56 et ça me convient dans la majorité des cas.
7. Et les pédales magnétiques ?
Petit focus sur les pédales magnétiques.
Exemple de pédale magnétique
À mi-chemin entre des pédales plates et des pédales automatiques, elles peuvent être un bon point d’entrée vers les pédales automatiques. Elles permettent d’appréhender le maintien des pieds sur les pédales, sans pour autant bloquer totalement les pieds. Cette absence de blocage se traduit cependant par l’impossibilité de tirer sur les pédales en montée ou en phase d’accélération. On perd donc une bonne partie des avantages des pédales automatiques. Autre point négatif, les aimants sont assez lourds. Si vous cherchez des pédales légères, passez votre chemin !
Un avantage pour terminer : les pédales magnétiques utilisent des aimants possédant les mêmes fixations de cales que les pédales SPD. Ça signifie que vous pouvez commencer avec des pédales magnétiques, puis passer sur des pédales automatiques avec une seule et même paire de chaussures !
8. Le mot de la fin
Vous avez été convaincu.e par ce sujet et souhaitez tester des pédales automatiques ? Super !
Vous ne vous sentez pas de tester de telles pédales ? Pas de problème ! L’objectif de ce sujet n’est pas que tout le monde obtienne le bade « casse-cou »
Vous avez des questions sur ce sujet ? N’hésitez pas à les poser ici