Merci beaucoup, en espérant surtout que ça puisse t’être utile… je vais continuer d’ailleurs et je m’excuse d’avance pour les rappels, les trucs que tu sais déjà, et que je vais te répéter quand même, parce que je pense que ça peut t’aider… 
C’est une impression qu’on a tous eu à un moment, une fausse impression d’ailleurs, paradoxalement, car en voutant le haut du dos, en réalité, on pousse légèrement le bassin et les fesses en arrière, ce qui peut justement avoir pour effet de nous faire tomber en arrière ; parfois, on se cambre (toujours pour se rassurer), on redresse alors le haut du dos, mais en laissant le rachis lombaire incliné en avant, et c’est encore pire.
Le juste milieu, c’est l’équilibre avant / arrière et il se joue selon moi au niveau du bassin. Je parle de le rétroverser, cad de contracter simultanément les muscles abdominaux et fessiers tout en poussant le nombril vers la colonne vertébrale ; il s’agit de basculer le haut de son bassin vers l’arrière et le bas vers l’avant (comme pour serrer les fesses) et de le verrouiller dans cette position, ce qui réduit la cambrure naturelle de la colonne vertébrale, offre un meilleur alignement de notre rachis, favorise le gainage, le maintien de la posture redressée, améliore l’équilibre et aide de surcroit à prévenir les douleurs lombaires.
Pour parvenir à rétroverser son bassin et à adopter la « bonne » posture, on recommande de se tenir à un mur, puis une fois monté et assis sur la selle, avant même de vouloir commencer à rouler, de relever ses jambes et de poser ses pieds sur le cadre, juste au dessus de la roue, de s’assoir alors comme sur un tabouret, le plus lourdement possible, en mettant tout ton poids sur l’arrière des fesses, mais sans se tasser pour autant, au contraire, en étirant son buste et en cherchant à se grandir, comme si un lien invisible nous tirait la tête vers le haut.
Dans cette position, notre bassin est automatiquement rétroversé et le haut de notre dos redressé, ça se fait tout seul !
La rétroversion de notre bassin va nous donner la « bonne posture », le bon alignement entre notre dos et nos jambes. Notre bassin devient alors en quelque sorte le centre de notre équilibre, permettant au reste du corps de se détendre et de corriger si besoin sa position, à notre buste de se libérer et de se positionner plus naturellement, à nos jambes de pédaler de manière beaucoup plus fluide et légère.
Une fois redressé, il s’agit de choisir un repère visuel à hauteur des yeux et de maintenir son regard fixé dessus (on ne baisse pas la tête), de mettre ses bras en croix (pour favoriser l’équilibre latéral) et … (pas nécessairement de marcher sur la roue « wheel walk », on peut toujours essayer, si on a une bonne mobilité des genoux, mais ce n’est pas le but de la manœuvre), mais de reprendre les pédales en maintenant la position de son bassin, puis de pédaler le plus légèrement et régulièrement possible, toujours le long du mur pour commencer, (dans un gymnase par exemple et si possible).
On pédale surtout en appuyant le moins possible sur les pédales (le poids est sur la selle), puis en augmentant ou en diminuant la fréquence du mouvement selon que l’on souhaite accélérer ou décélérer, mais tout en nuance, toujours dans la même attitude, dans la même posture et dans le même équilibre, des gestes fluides, une certaine forme de sérénité, de concentration, de vigilance, de bienveillance, d’aisance et de tranquillité : on dépasse peut être ses « limites », mais toujours sans forcer, sans se faire mal, c’est pour s’amuser avant tout, et c’est cool.
Une fois qu’on a intégré tout ça, on comprend qu’hormis en descente et au freinage, on est toujours en déséquilibre avant, et que la chute arrière est donc vraiment très improbable ; selon moi, elle est rarissime et il n’y a rien à craindre.
Pour finir, concernant nos sensations et nos impressions de tomber, ou tout du moins de risquer de tomber en avant ou en arrière, je vais essayer de t’expliquer plus en détail les enjeux de l’équilibre avant / arrière.
La plupart des gens nous regarde passer et nous admire, car ils croient que nous sommes des magiciens, que nous défions les lois de la gravité et sommes en équilibre, alors qu’en réalité, nous ne sommes ni plus ni moins qu’en train de chuter et prolonger notre chute, une série de chute en avant pour être exact, un peu comme lorsqu’on marche d’ailleurs, mais sans contact direct avec le sol (et il y a du mérite à cela, il faut le reconnaître) ; cela explique en tout cas pourquoi la chute arrière me paraît très improbable.
Comme je te l’écrivais tout à l’heure, je considère qu’une fois rétroversé, notre bassin, en assurant la cohésion du corps, devient en quelque sorte le centre de notre équilibre : pour accélérer ou pour ne pas tomber en arrière au moment du démarrage, on va chercher ce fameux déséquilibre avant et on dit qu’on va « se pencher en avant », mais en définitive, ce n’est pas le buste qui se penche (pas au début), mais bel et bien le bassin qui s’avance, le corps s’arquant (le buste restant droit, voir un peu en arrière d’ailleurs par rapport au bassin).
Ce déséquilibre avant ne nous fait pas tomber, car il est simultanément compensé par l’effet de la force exercée sur les pédales.
Plus le déséquilibre avant est important (stressant), plus on appuie sur les pédales, plus la fréquence du mouvement est importante, plus on va vite, plus on améliore notre équilibre latéral et on stabilise notre trajectoire et moins on tombe (sauf obstacle imprévu, déconcentration et autre incident parasitant subitement l’harmonie de notre mouvement ; à noter qu’en cas de chute, si reste autour de 20 km/h, les risques sont relativement limités).
A contrario, plus le déséquilibre avant est faible (ce qui nous parait plus sécurisant, rassurant), moins on appuie sur les pédales, plus la fréquence du mouvement est faible, plus on va lentement, et paradoxalement plus on perd notre équilibre latéral, plus on déstabilise notre trajectoire et finalement plus on se casse la gueule (les plus mauvaises chutes se font malheureusement et souvent à faible vitesse, et c’est pas qu’une impression
).
Si on rencontre une pente, on va chercher le déséquilibre avant pour appuyer plus fort et maintenir la vitesse, pour ne pas perdre l’équilibre et ne pas tomber.
Si on est en descente, on va se pencher en arrière, se retenir en tirant sur la poignée et freiner ou rétropédaler pour éviter que la machine ne s’emballe.
En fait, je suis un peu comme toi, je suppose qu’on doit se ressembler pas mal. Sauf que le monocycle a pris une place très importante dans ma vie et il a agi sur moi de manière assez miraculeuse. J’aime le monocycle ; j’adore ça et ça me passionne, mais je ne suis pas monomaniaque, et je n’aspire pas qu’à ça !
C’est juste que c’est tout sauf quelque chose d’anodin ; A mon sens, il peut vraiment nous faire beaucoup beaucoup de bien, j’en suis convaincu ; j’en témoigne parfois et c’est pour ça que je prends parfois le temps.
Peu importe le niveau, peu importe qu’on ne soit pas un « AS », par contre, passé un certain âge, je ne suis pas sûr qu’on puisse progresser en dilettante. Ca va te demander un peu de discipline et de régularité (on en a déjà parlé), mais je crois que ça vaut le coup !
En résumé, je pense que tu gagnerais à commencer par corriger ta posture, ce qui devrait te permettre de retrouver facilement ta montée autonome et ton assurance, mais aussi de pédaler avec un mouvement plus fluide, d’améliorer ton équilibre et tes sensations, et d’y retrouver finalement plus de plaisir et tous les bienfaits qui vont avec (la liste est longue). Je pense aussi que compte tenu de ton envie et ta motivation, tu devrais chercher à te rapprocher d’un club près de chez toi. 
Personnellement, je pratique le monobasket et ça m’a beaucoup aidé à progresser, car les copains sont exigeants (parfois intransigeants ; le but c’est la compétition, alors les actions inutiles, on évite généralement ; on se met au service du jeu, de l’équipe ; on se rend disponible et efficace sur le terrain, et ça aussi, c’est formateur). Les copains considèrent ta marge de progression, pas ton âge ; alors ils te me mettent la pression et ils te lâchent pas. C’est dur parfois, mais c’est hyper stimulant, ça met en confiance et ça fait progresser, et puis ça te rappelle qu’il n’y a pas pas d’âge (ou presque, enfin, je veux dire que c’est avant tout dans la tête).
Tu me diras ce que tu en penses …
Tchao et bon entraînement, hâte de lire tes progrès…
