Tjäktja, mercredi 11 août, 9h jour 4 [photos] [vidéo]
Je me réveille et ma première pensée va aux étapes d’aujourd’hui et demain qui me réjouissent car selon ma carte, hormis une grosse côte très courte en début de cette étape, je devrais longer le fleuve dans le creux d’une vallée. J’ai bon espoir de trouver des terrains assez plats, très érodés et terreux. J’entrevois enfin la possibilité de profiter pleinement de mon mono qui, jusqu’ici, m’encombre plus qu’autre chose.
Les quelques premiers kilomètres se font sur un pierrier où même évoluer à pied relève du défi. Arrivé en haut de la côte je la vois, devant moi, s’étendant presque à perte de vue, sur au moins 25km, la fameuse vallée tant attendue ! Le panorama est tout simplement éblouissant. Je commence la descente, rapide, vers le fond de cette vallée. Joueur, je me la tente même en roulant. Trop difficile pour mon niveau et surtout handicapé par la taille de ma roue et le sac à dos (ben oui, ça ne peut pas être simplement ma faute ), je finis inévitablement par une chute. Avant ce treck, je m’étais mis en tête de compter le nombre de chutes au cours de ces 180km ; j’ai arrêté environ 1h après mon départ le premier jour… Pendant cette chute je me tords assez méchamment la cheville, la droite cette fois. Au moins maintenant je boite de façon symétrique ! Cette petite entorse me poursuivra jusqu’à la fin de mon treck …
Je m’arrête quelques instants pour immortaliser sur pellicule ce paysage et déguster quelques fruits secs. Une fois arrivé dans le bas de la vallée je me fais rattraper par les 3 Français que j’accompagnerai jusqu’à la fin de la journée. Après la pause du midi, une petite sieste réparatrice s’impose. Au soleil et avec juste ce qu’il faut de vent pour éloigner les moustiques. Avant de repartir, je profite d’avoir posé le sac à dos pour me faire quelques descentes en direction du fleuve sur une végétation rase et très agréable à rouler.
L’arrivée au camp est une single track entourée d’une bordure de terre de 50cm de haut, alternant piste terreuse et planches en bois. Je me régale de ce moment, comme d’habitude trop court. C’est typiquement pour ce genre de moments que je ne regrette pas d’avoir emmené avec moi mon demi-vélo !
Après m’être installé dans le refuge, je retourne sur ce chemin sur près d’1km juste pour le plaisir de rouler. Je franchirai même quelques passages de ponts en bois sans rambarde, par dessus le fleuve, sur des planches d’à peine 30cm de large (voir la vidéo).
Le soir je donne sa 2nde leçon de monocycle à Paul, le pianiste Lyonnais. Je suis impressionné par la rapidité (et l’acharnement) avec laquelle il progresse. En une quinzaine de minutes il réalise son premier tour de roue, soit environ 2.50m, et cela en grimpant sur le 29" sans support. Qui plus est, le terrain est herbeux et pas franchement plat. Je serais surpris de ne pas le voir franchir les portes du CDK d’ici quelques semaines !
En bons Français souhaitant s’adapter aux coutumes locales, nous testons le sauna à 60°C immédiatement suivi par la baignade dans l’eau du torrent à 5.5°C !!! Nous y prenons goût à tel point que nous renouvellerons l’expérience plusieurs fois de suite, en essayant de battre notre record de temps passé dans l’eau (j’ai dû tenir un peu plus de 15 secondes immergé jusqu’au cou).
La soirée se déroulera ensuite sur leur campement où nous partageons un repas.
La nuit sera fraîche, pas plus de 4°C, et particulièrement humide. Je me félicite d’avoir opté pour le dortoir plutôt que la tente.
Sälka, jeudi 12 août, 10h, jour 5 [photos]
Ce matin je retrouve les 3 Lyonnais frigorifiés par leur nuit en tente. Je leur propose du thé à l’abri et dans la chaleur du refuge, et ils iront même se réfugier quelques instant dans la torkrum, pièce surchauffée à plus de 30°C prévue pour faire sécher les fringues.
Nous prenons la route mais, rapidement, n’arrivant pas à suivre leur rhytme, je les laisse partir devant. Je ne les retrouverai qu’à la pause du midi.
Sur le chemin, je vais faire une rencontre assez insolite, celle d’un renne qui se montre franchement menaçant. La queue bien relevée, la tête haute, celui-ci me fait face alors que je le prends en photo, et commence à me tourner autour en s’arrêtant de temps en temps pour frapper le sol avec ses sabots. Je fais appel à ma mémoire pour savoir si j’avais lu quelque part que ces bêtes pouvaient se montrer agressives jusqu’au point de charger un homme. En remarquant ses cornes (même si celles-ce sont relativement petites pour un renne), je prends la décision de ne pas m’éloigner trop de mon monocycle pendant la séance photo, histoire d’avoir sous la main moi aussi une défense. Finalement après avoir fait 2 tours autour de moi, l’intimidation s’arrête et je le regarde repartir vers son troupeau à quelques dizaines de mètres de là, raison pour laquelle probablement il se montrait si menaçant.
Bilan du nombre de kilomètres passés sur le monocycle ce matin : 0.3km, et encore je vois large. La vallée ne tient décidément pas ses promesses. Et l’après-midi ne sera pas meilleure.
Les Lyonnais voulant s’attaquer au Mont Kebnekaise, sommet de la Suède avec ses 2110m, ne se trouvant pas sur mon itinéraire, cette soirée que nous partageons sera la dernière pour moi en leur compagnie.
Pour l’occasion et sur les conseils de Coline et Pierre - un couple de Français, Lyonnais également, rencontrés sur le campement - nous décidons de nous préparer un bon repas à base de champignons locaux, une espèce de cèpes, qui abondent autour du refuge. La cueillette et la préparation sont assez rapides, la dégustation le sera encore plus.
Nous finirons la soirée à l’abri des moustiques et du froid dans l’auberge que je partage avec 9 Suédois ronfleurs . Paul, Kévin et Lionel m’initient à la coinche, jeu de carte mélangeant les règles de la belote et du tarot.