Trek muni 24" en Ecosse été 2011

Samedi 16 juillet 6h30 Calais Frethun

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Le départ pour cette aventure aurait dû se faire hier, mais j’ai dû reporter d’une journée pour cause de fermeture de paupières à 130 km/h sur autoroute. J’ai profité de cette journée de répit pour me reposer, pour racheter mes billets de train, faire les petites annonces de voiture dans le Paru-vendu :laughing: , payer ma contravention pour non maîtrise du véhicule, et annoncer à mon assureur que ma jolie voiture est partie à la casse, et enfin racheter une paire de chaussette qui a réussi à s’échapper sur l’autoroute pendant que je ne la surveillais pas. Par chance, le monocycle n’a pas souffert de l’accident.
Dans le taxi qui m’emmène à la gare j’aborde des sujets profonds avec mon chauffeur tels que les mecs bourrés qui n’ont plus de permis et qui continuent à conduire quand même. Une fois arrivé à la gare, je vais finir ma nuit sur un siège de la salle d’attente.
Côté bagages, j’ai appris de mon erreur de l’an dernier en n’emportant que 11 kg de matériel et de bouffe, soit 5 kg de moins avec pourtant tente, matelas, duvet, réchaud/gamelles en plus. Cette année la formule que j’ai choisie c’est camping sauvage pendant quelques nuits, puis un peu de répit de temps en temps dans un B&B, pour me reposer, laver et faire sécher mes affaires, faire le plein de batteries, le plein de confort, me tenir informé un minimum de l’actualité, …

Maintenant j’attends de savoir si je vais avoir le droit d’embarquer mon mono dans l’Eurostar sans l’avoir déclaré et sans qu’il soit dans une housse (à la chasse du moindre gramme dans le sac à dos je ne pouvais pas m’amuser à transporter une housse de transport). Ouff ça passe sans problème, et le chien renifleur d’explosif n’a même pas eu la bonne idée de pisser sur le mono.
C’est donc parti pour un voyage de 14h dont un peu plus de 10h à bord de trains. Arrivée prévue à 22h. A Londres, je m’arrête quelques instants pour un ptit déj’ local au Burger King : mini pancakes au sirop d’érable et un seau de café qu’on m’a vendu comme étant un petit expresso. Quand je vois les quantités de café qu’ils servent à chaque client, je comprends mieux qu’il y ait pénurie d’eau sur l’Europe en ce moment !! Je cherche désespérément une poubelle pour jeter mon gobelet encore à moitié plein, mais encore traumatisés par les attentats de 2005, cela s’avère être un véritable challenge : toutes les bennes sont verrouillées, aucune poubelle en vue, je finis comme tout le monde par déposer mon gobelet sur un muret qui déborde de déchets. Il n’y a aucun doute je suis bien en Angleterre : le ciel est gris foncé foncé, et une pluie fine finit de me réveiller.
Dans le train pour Edinburgh, je laisser traîner mes yeux sur d’excellentes pistes en campagnes, boueuses à souhait, et je me régale d’avance de pouvoir m’y promener et d’avoir de la boue jusqu’au cou ! Je continue ma correspondance depuis Edinburgh jusqu’à Fort William en faisant une halte de quelques heures à Glasgow. J’en profite pour acheter du ravitaillement pour le pic-nic de demain : saucisson, pain, fromage et quelques barres de flocons d’avoines, le dépaysement est léger pour le moment.
Je m’amuse à faire LE test de compréhension d’anglais : je commande un Steak&Cheese dans un Subway en Écosse (=à l’accent terrible), tenu par des Indiens (=à l’accent terrible), où l’on va me poser plein de questions sur ce que je veux dans mon sandwich. Challenge accepted !
Je rentre ensuite dans une boutique locale : un magasin de kilts. La vendeuse me laisse gentiment prendre quelques photos. Je m’arrête ensuite quelques minutes devant un joueur de cornemuse et cela me rappelle la façon dont un jour un Anglais a tenté de m’expliquer ce qu’était un bagpipe : « Imagine that you squeeze a cat in your hands ».
Plus que 4h de train avant le point de départ !
Fort William 22h : il pleut, pour pas changer quand je descends du train. J’ai longtemps hésité pendant le trajet entre une première nuit sous la tente ou bien dans le confort d’un B&B. La météo a choisi le B&B pour moi. Je me dirige donc vers l’un d’entre eux qui, malheureusement affiche complet. Pas grave la région est touristique, il y en a des dizaines ici. Sauf que plus j’avance dans la ville et plus je me lasse de lire « No vacancies » sur les façades des B&B. Je commence à comprendre petit à petit, alors que la pluie commence à me couler tranquillement dans le dos, que je vais devoir passer cette première nuit sous ma tente. Qui plus est, je vais tenter le montage de cette tente pour la première fois et à la Petzl. Mais encore faut-il que je trouve une place où la planter. J’ai bien repéré un petit parc mais je n’ose pas.
Entre la recherche d’un B&B que je ne trouverai pas et la recherche d’un emplacement où planter ma tente pour la nuit, je erre depuis bientôt 1h dans les rues de Fort William, et la pluie commence à attaquer sérieusement mon moral. Je croise 2 Gugus, bière à la main qui essaient de me dire - je le comprends après les avoir fait répéter 6 fois leur phrase, je n’ai malheureusement pas étudié le Scottish bien plein en 3ème langue - qu’ils sont les 2 géants de Fort William. Je me serais bien arrêté papoter plus longtemps mais j’ai une belle nuit de merde qui m’attend, alors vous comprenez … En me dirigeant vers l’extérieur de la ville je remarque un petit bout de terrain entre 2 lotissement, fermé par une barrière. Je le mets de côté comme lieu possible de camping et je continue encore un peu. Après quelques minutes de marche, je tombe devant le Backpackers, une espèce d’AJ qui Ô miracle n’affiche pas complet !!! En me dirigeant le cœur léger vers l’accueil je remarque un magnifique squat dans le salon, des duvets dans tous les sens, à même le sol. Je commence à le sentir mal. En effet, un petit écriteau No vacancies est affiché fièrement sur le comptoir de l’accueil … Ce soir ce sera donc mon petit bout de terrain vague.

Je sors la Petzl et commence à me battre contre les piquets de la tente. Avant de partir, j’avais quand même fait un montage rapide dans mon salon, histoire de vérifier qu’elle était bien utilisable. A vrai dire c’était beaucoup plus simple à monter dans mon salon … La tente commence à prendre forme, je me dépêche autant que je peux pour que l’intérieur ne soit pas complètement trempé par la pluie qui tombe toujours. J’emmène un peu plus loin un crapaud qui voulait me tenir compagnie cette nuit. C’est enfin prêt, et je suis aussi sec qu’en sortant de la piscine. Je me faufile à l’intérieur de la tente, je remarque qu’une tente 1 place de moins d’1 kg offre un volume minuscule. Je ne peux pas m’asseoir, ni même me tenir allongé appuyé sur les coudes pour rédiger mon récit de voyage. Par contre elle est parfaitement étanche ! Tiens, il me manque 20 cm pour mettre mes pieds au fond de la tente, il faudra que je revois le montage de la tente. Mais ça attendra demain !

J’adore ! Hâte de lire le reste !

Lit son journal du klugsleden !
Il est sur le fofo.
Cobu aime bien ces grandes rando TT !

Dommage, j’aimais bien la couleur !

L’ essentiel c’ est que tu sois toujours là pour en parler. Désolé quand même pour ta voiture.

J’avais adoré le compte rendu du klugsleden, et là un seul jour et ça commence déjà très bien ! La suite !
Par contre le lien vers les photos ne marche pas (je peux juste voir la voiture cassée, la pauvre)

J’ai édité le lien pour les photos, ça a l’air de marcher maintenant.

Après ce premier post, je vous fais l’introduction :slight_smile:

L’objectif cette année était de rejoindre Montrose sur la côte est de l’Écosse à partir de Fort William sur la côte ouest, sans autre transport que le monocycle (et mes pieds à l’occaz).
300km de pistes auxquelles j’avais prévu de rajouter quelques boucles à la journée, soit environ 400km au total, sur 21 jours. De la route, de la piste de forêt, des chemins de montagne, des pistes à travers des marais, beaucoup plus varié que l’an dernier, et normalement moins intensif aussi.

Cette fois encore, c’est un voyage que j’ai fait en solitaire (enfin presque !).
J’ai pris beaucoup moins de photos qu’en Suède, par contre je vous prépare une vidéo pour vous faire partager l’ambiance de ce trek. (merci Romain pour le prêt de matériel)
Contrairement à l’an dernier, je ne pourrai pas publier tous les soirs un nouveau post, la publication devrait durer 6 semaines environ.

Pour répondre à vos commentaires :
La voiture oui c’est ballot, mais je suis tellement chanceux et content de m’en être sorti moi avec 3 fois rien que d’avoir ruiné ma voiture n’est qu’un tout petit détail dans ces vacances !!! Didier, pour le coup tu vas être déçu, j’ai repris du beige comme couleur :slight_smile:.

La suite du trek ce soir.

Dimanche 17 juillet 2011 Fort William

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Il pleut encore ce matin et j’ai franchement pas envie de sortir du duvet. Si encore j’avais pu mettre l’eau à bouillir sur ma Butagaz dans la tente pour me préparer mon café du réveil, ça me motiverait un peu, mais il paraît que c’est pas recommandé alors …
Je décide finalement de tout remballer avant de prendre mon ptit déjeuner, genre la carotte qui fait avancer l’âne. Ce sera polenta aux abricots secs et café serré, très serré. Pendant ce premier repas je fais connaissance avec mes copines les midges. C’est un peu comme des moustiques, en beaucoup plus petit, plus silencieux, plus sournois. A tel point que ma moustiquaire de tête est maillée trop large, et qu’elle ne fait que retarder les midges. J’enroule donc à la place mon étole autour de ma tête style Taliban, et ma foi elles me laissent à peu près tranquille. Je lance un « Good Morning » à ma vieille voisine qui sort ses poubelles. En la voyant me regarder avec des yeux énormes, j’enlève mon étole. Ses yeux reprennent alors une taille normale et elle me rend même mon bonjour puis s’éloigne, sans toutefois détourner la tête.
Bientôt prêt pour mes premiers kilomètres. Je bricole mon monocycle encore en mode voyage (selle au plus bas, guidon, frein et pédales retirées). Et c’est parti ! Sous la pluie … malgré tout les premiers tours de pédale sont plaisants, sur une piste cyclable le long du Loch. Rapidement je me retrouve même en T-shirt, le petit vent sèche sur mes vêtements la pluie qui continue de tomber doucement.
Après une petite erreur d’aiguillage qui me rallongera de 2 km, je suis cette piste sur 11 km le long du Caledonian Canal. La piste est facile, cela me rappelle par moment le canal de l’Ourcq, mais avec la pluie cette fois (oui, mettons fin à cette légende du canal de l’Ourcq pluvieux ! :slight_smile: ) Je croise peu de gens, la météo a dû les dissuader de se lancer dans leur balade dominicale. Je quilt :slight_smile: ensuite le canal pour la forêt, le long du Loch Lochy. Là les choses sérieuses commencent, la piste se corse, et les paysages deviennent grandioses. J’emprunte une single track en 3D, ça tourne, ça monte, ça descend, il y a de la caillasse juste ce qu’il faut, un vrai bonheur ! Je m’arrête en forêt pour remplir une de mes 2 gourdes dans un ruisseau. J’y ajoute un comprimé de Katadyn mais je reste sceptique quant au fait qu’il sera suffisant à faire disparaître cette très douteuse couleur verte… J’en profite pour remettre de l’ordre dans mon sac, sortir ma serviette, m’essuyer la tête et mes lunettes. Je repars ensuite et finis par sortir de la forêt pour rejoindre une route (serrer à gauche, faut pas que j’oublie de serrer à gauche !!). Sur quelques kilomètres je passe devant de superbes maisons avec vue imprenable sur le lac, et dont devant certaines sont garés 2 SUV Merco et une SLK Kompressor. On se fait plaisir par ici …
Je réalise soudain que depuis quelques temps, malgré la pluie toujours présente je ne suis plus gêné par les gouttes d’eau sur mes lunettes. MERDE ! mes lunettes … Il y a plus qu’à espérer que je les ai oubliées à la source verte. Je fais demi-tour : oh les jolies voitures, oh les jolies maisons, oh la jolie forêt (nettement moins jolie du coup !). Je retourne 4 km en arrière (quand même), en regardant par terre tout le long du chemin, des fois que … Je retrouve ma source et Ô miracle, posées au sol tel un Graal, mes ptites lunettes adorées m’ont attendu. Et 1h de perdue et 8km rajoutés à ma journée. Oh la forêt, oh les belles voitures …
Le reste de la journée continuera sur une piste bien large à flanc de montagne avec vue sur le Loch à droite. Franchement très sympa. Je fais quelques P.A.T.V. dans les grosses montées, histoire de ne pas m’épuiser lors de cette première journée.
Je fais une pause pic-nic à base de pain, fromage local (gouda :slight_smile: ) et salami. Je m’installe dans une cabane pour être au sec, apparemment les midges aussi. Je mets mon filet de tête, pas vraiment efficace mais bon, c’est mieux que rien.
40km depuis ce matin, je vois un panneau de bois « Wild camp ». Je prends, c’est une aire assez agréable, avec une petite plage. Quelques anciens foyers éparpillés me donnent envie d’allumer un feu. Je ramasse des bûches et un peu de charbon restant dans les foyers. Je ne me fais cependant pas trop d’illusion vu qu’elles sont gorgées d’eau. Je réussis malgré tout, à force de persévérance à faire un petit foyer et disperser ma fumée à des kilomètres. Je n’aurai finalement que la fumée, mais c’est déjà ça, c’est assez efficace contre les midges. Je me cuisine des coquillettes au gouda et file me glisser dans mon duvet. Il est 20h, je suis crevé. J’ai la bonne surprise en levant les yeux au ciel de découvrir une nuée de midges à l’intérieur de la tente, au moins une centaine. C’est elles ou moi. Désolé ce sera moi… Je frappe dans mes mains au milieu du nuage, je me débarrasse de quelques bêtes à chaque fois. Après un bon 1/4 d’heure je viens à bout des plus récalcitrantes.
Je finis a journée en écrivant mon récit pendant 1h30 avant de m’écrouler de fatigue (ahhh, je vous aime, que ne ferais-je pas pour vous :slight_smile: )

Encore!!! :stuck_out_tongue: :stuck_out_tongue:

Lundi 18 juillet 2011, en pleine nature.

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Que c’est bon de se réveiller au chant des oiseaux plutôt qu’au bruit des gouttes d’eau sur le double toit de la tente … Un beau soleil ce matin, de quoi sécher mes affaires sur la plage de galets.
Je n’aurai pas eu de compagnie cette nuit sur l’aire de camping sauvage, pourtant celle-ci était vraiment accueillante. En sortant de la tente, je m’habille de ma veste, mon pantalon, et bien sûr mes gants et ma moustiquaire de tête. Il semble que les moucherons aient décidé que j’avais rendez-vous avec eux ce matin. J’enlève une limace installée sur la moustiquaire de la tente, une autre de ma chaussure.
Cette nuit j’ai eu de la visite sous l’abside, je pense qu’il s’agissait d’une souris ou d’un rongeur quelconque. Je n’ai eu qu’à faire un peu de bruit et lui demander gentiment de partir pour ne plus entendre parler d’elle.
Même petit déj’ qu’hier, le soleil en plus. Avant de partir je fais le plein d’eau pour la journée. Cette source beaucoup plus limpide qu’hier m’inspire plus confiance et je décide de remplacer l’eau verte de ma gourde par celle-ci. Je décolle finalement à 12h.
Les premiers km sont très roulants, parfait pour commencer la journée en douceur. Les 40km de la veille sont bien passés, seulement les cuisses un peu fainéantes et une très légère emprunte de la selle marquée sur mes fesses :slight_smile: Ca devrait passer sans douleur aujourd’hui. Les paysages sont assez monotones mais pas désagréables, la piste est bien large et vallonnée. Ensuite l’environnement change radicalement alors que je rentre dans une forêt. La piste est une ancienne voie de chemin de fer transformée en piste pour piétons et vélos, et monocycle apparemment. Très ombragé, le chemin est jonché de flaques d’eau et de boue, un vrai régal ! Toujours en forêt je redescends jusqu’à une autre piste qui longe le Loch. Celle-ci est nettement plus délicate à maîtriser, les racines jouent avec moi. Dans le bas d’une bonne descente, elles vont d’ailleurs gagner. Et voilà la première grosse plantade du séjour. Sans dégât cependant, même côté fringues le pantalon n’a pas souffert puisque je l’avais mis à l’abri sur le sac à dos pour éviter d’être trempé à cause des flaques. De plus en plus de racines en travers de la piste, et de fréquents PATI, je renonce à rouler en 125 et passe en 150. Ca va tout de suite beaucoup mieux, l’impression d’être un bulldozer revient instantanément !
Après quelques km je quitte cette excellente piste pour retrouver mon canal.

A 15h, je pense avoir fait la moitié du chemin de la journée, je m’arrête sur un quai flottant en bois pour pic-niquer (vous l’aurez deviné, le menu est le même qu’hier, pour éviter de transporter trop de poids, je ne multiplie pas les menus). Je suis au spectacle devant un bateau qui accoste sur mon quai en attendant de pouvoir franchir l’écluse. Oh oh, ça parle français là-dessus ! J’ose entamer un papotage. C’est une famille de Suisse avec 2 enfants dans les 4-6 ans. Nous partageons nos plannings de vacances et j’essaie de les convertir au monocycle pendant une vingtaine de minutes. Le type me raconte que c’est la première fois qu’il rencontre un routard en monocycle, mais qu’à l’occasion d’un voyage aux Etats-Unis il avait croisé la route d’un gars qui se faisait la traversée du pays en planche à voile de route !!! J’en reste sur le cul.
Une fois que la ptite famille a repris sa route, ou plutôt son canal, je finis cette pause par une bonne sieste au soleil. Pas raisonnable, il est déjà 16h, mais je ne sais pas résister à la sieste :slight_smile:
Alors que j’ai repris ma route depuis à peine 5 km, j’approche d’un petit village. Etrange, je n’étais pas censé croiser le moindre village avant d’arriver à mon étape du soir, Fort Augustus. En réalité il s’agit bien de Fort Augustus. L’étape de 26km d’aujourd’hui était tellement agréable que je n’avais pas vu les km défiler avant ma pause pic-nic.
Je me mets immédiatement à la recherche d’un B&B, je trouve rapidement un hôtel plutôt accueillant. Les draps de lits sont très couleur locale, en tissu écossais. Je file ensuite prendre une bonne douche et faire ma lessive en même temps. Je sens enfin bon, mon pauvre essaim de mouches est très déçu et part à la recherche d’un autre crasseux.
Requinqué par cette pause douche, je sors ensuite faire un poil de ravitaillement : soupe, sauce pour accompagner les coquillettes (ça changera de ma sauce au sel de la veille…), quelques fruits, du fromage, du pain et des gâteaux pour le pic-nic, une cannette de breuvage local pour demain soir, ainsi qu’une portion de haggis, la fameuse panse de brebis farcie que le monde entier leur jalouse !
Le soir je sors dans la ville depuis laquelle je profite d’un point de vue magnifique sur le Loch Ness. Je flâne dans les rues avant de rentrer dans une brasserie me réconforter auprès d’une bonne Guinness (ça aurait été insultant de commander une autre bière) et d’une assiette de haggis que je goûte pour la première fois. C’est ma foi excellent, celui-ci en tous cas valait le coup d’être goûté.
Je me prépare pour demain où, semble-t-il j’aurai droit à de gros virages et de bonnes côtes. Je m’aventure pour quelques jours dans les Highlands, je devrai affronter une montée de 700m de dénivelé sur à peine 5km. Je profite du lit douillet, ma prochaine nuit en B&B devrait être dans au moins 2 jours, voire 4 ou 5 si je m’en sens le courage.

Encore! :stuck_out_tongue:
Juste une minuscule remarque pour montrer que: oui, je suis un gros con snob:

Ils n’avaient pas de bière écossaise?

La suite! :stuck_out_tongue: :stuck_out_tongue:

+1 :mrgreen:
C’est pas snob de goûter les productions locales, c’est découvrir le pays !

Malheureusement pour les Écossais, toute leur production de malt est réservée au Whisky, reste plus rien pour les mousses !
Plus sérieusement si, il y avait une bière écossaise mais elle ne m’inspirait pas. Alors j’ai opté pour une valeur sure et presque locale. Mais rassurez vous j’ai fait honneur à la bière écossaise dans la suite de mon périple, et même qu’elle était excellente !

Mardi 19 juillet 2011, Fort Augustus.

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Après un bon petit déj British à base d’œufs brouillés et de saucisses grillées je remonte dans la chambre fermer mon paquetage. J’en profite pour passer en mode profiteur et faire le plein de ma petite réserve de sucre en vidant les sachets de sucre dans ma boîte étanche, je récupère les dosettes de miel, de beurre et de lait. Je vais ensuite le mono dans le local où la proprio de l’hôtel l’avait mis en sécurité pour la nuit. Elle me demande alors pourquoi je fais ça, si c’est pour une assoc’ ou quoi ? Je lui réponds « Non non, juste pour le plaisir ». Elle ouvre grands les yeux : « Non sérieusement, tu peux pas faire ça pour le plaisir, c’est impossible ». Je n’essaye pas de la convaincre, le chemin pour y arriver est trop long et mon sommet à franchir m’attend.
La journée démarre tranquillement sur une petite route, pas exceptionnelle mais pas désagréable non plus. Rapidement, les difficultés se précisent. La route devient une piste qui s’enfonce dans la forêt. Cette piste est très mal entretenue, la végétation déborde de chaque côté, à tel point qu’il devient impossible de rouler. Un peu plus loin ça ne s’arrange pas. L’itinéraire que j’avais préparé selon les indications du guide m’emmène vers un chemin marqué « Privé » fermé par une clôture a l’air récent. Ça sent les proprios qui en ont eu marre de voir débouler des cyclistes sur leur chemin.
Une cinquantaine de mètres en amont, un minuscule chemin à peine foulé semble mener globalement dans la même direction. Sans être très convaincu par l’itinéraire, je m’engage dans ce chemin que j’ai peine à suivre. Un champ de fougère bloque même complètement le parcours. Je m’y fraye difficilement un passage puis les fougères laissent place à un chemin entre un gros grillage de 2m de haut d’un côté derrière lequel quelques moutons s’ennuient dans leur champ, et un ravin de l’autre. En avançant à pied sur cette piste je tombe face à un arbre couché par les intempéries et dont la tête barre complètement la piste. Je profite du fait que l’arbre a défoncé le grillage pour passer dans le champ rejoindre les moutons. J’en ressors quelques centaines de mètres plus loin en escaladant le grillage. La rando dans les herbes hautes m’a fait faire la connaissance d’une nouvelle copine : une tique qui cherche un coin douillet juste au dessus de ma chaussette.

Quel bonheur de rejoindre enfin une vraie piste, et qui descend en plus, j’en avais presque oublié le plaisir que c’était de rouler sur ma roue. Je ne le sais pas encore mais c’est le tout dernier passage aujourd’hui où j’aurai la chance de pouvoir rouler… Je commence à grimper sur un chemin sinueux et je comprends que la fameuse ascension vient de démarrer. La pluie aussi, et elle ne me lâchera plus jusqu’à ce que je me couche.
La piste en gravas est très large et dégagée, mais d’énormes rochers la rendent impraticable aux véhicules roulants. L’ascension est vraiment dure, franchement pénible même. J’ai enfilé ma combinaison étanche depuis quelques kilomètres et je sue à grosses gouttes là-dessous. Je dois m’arrêter toutes les 10 minutes pour reprendre mon souffle, à cause de ma condition de sportif du dimanche (du dimanche après-midi entre les apéros de 14h et 15h…) j’ai la tête qui tourne de plus en plus souvent. Je marche dans ces conditions pendant près de 7h, jusqu’au sommet, sans un arbre ou un même un mur pour m’abriter quelques minutes. La descente a vraiment intérêt à en valoir le coup. J’arrête mon étape quelques centaines de mètres après le sommet, pour ne pas être trop exposé au vent. Je contemple les lacets de la descente depuis mon point de campement, il se pourrait en effet que tous ces efforts en aient valu la peine. Je déloge une grenouille pour planter ma tente (que j’ai un mal de chien à monter à cause de mes doigts engourdis), puis je mange rapidement, impatient de retrouver mon duvet. Je suis trempé et frigorifié.

Je découvre avec bonheur, histoire d’achever en beauté une si bonne journée qu’une grosse limace avait élu domicile ce matin dans la capuche de mon duvet, juste avant que je le range et que le sac de compression fasse son boulot … Malgré un moral en chute libre je garde assez d’humour pour vouloir immortaliser ce moment, mais de la condensation sur mes 2 objectifs d’appareil photo ne me le permettra pas…
Je porte sur moi tous mes vêtements encore secs mais cela ne suffit pas à me réchauffer, je suis toujours autant frigorifié.
Je devrai déplier la couverture de survie pour finir par trouver une température acceptable et m’endormir.

En-core!! :stuck_out_tongue:

(je ne dis rien mais je lis admiratif tous les épisodes de ces magnifiques périples)

Excellentes notes! On se croit vraiment dans l’aventure, et tu rends tres bien compte de tous ces petits « defauts » qui rendent l’Ecosse tellement speciale…

Sympas aussi les p’tites videos (desole, mais j’ai bien rigole sur celle ou tu a l’air bien stoic devant tous ces midgies et la pluie…).

Gonzo Teddy

man versus unicycle

Petite question à Cobu : Comment trouves-tu tes parcours ?