Samedi 16 juillet 6h30 Calais Frethun
Le départ pour cette aventure aurait dû se faire hier, mais j’ai dû reporter d’une journée pour cause de fermeture de paupières à 130 km/h sur autoroute. J’ai profité de cette journée de répit pour me reposer, pour racheter mes billets de train, faire les petites annonces de voiture dans le Paru-vendu , payer ma contravention pour non maîtrise du véhicule, et annoncer à mon assureur que ma jolie voiture est partie à la casse, et enfin racheter une paire de chaussette qui a réussi à s’échapper sur l’autoroute pendant que je ne la surveillais pas. Par chance, le monocycle n’a pas souffert de l’accident.
Dans le taxi qui m’emmène à la gare j’aborde des sujets profonds avec mon chauffeur tels que les mecs bourrés qui n’ont plus de permis et qui continuent à conduire quand même. Une fois arrivé à la gare, je vais finir ma nuit sur un siège de la salle d’attente.
Côté bagages, j’ai appris de mon erreur de l’an dernier en n’emportant que 11 kg de matériel et de bouffe, soit 5 kg de moins avec pourtant tente, matelas, duvet, réchaud/gamelles en plus. Cette année la formule que j’ai choisie c’est camping sauvage pendant quelques nuits, puis un peu de répit de temps en temps dans un B&B, pour me reposer, laver et faire sécher mes affaires, faire le plein de batteries, le plein de confort, me tenir informé un minimum de l’actualité, …
Maintenant j’attends de savoir si je vais avoir le droit d’embarquer mon mono dans l’Eurostar sans l’avoir déclaré et sans qu’il soit dans une housse (à la chasse du moindre gramme dans le sac à dos je ne pouvais pas m’amuser à transporter une housse de transport). Ouff ça passe sans problème, et le chien renifleur d’explosif n’a même pas eu la bonne idée de pisser sur le mono.
C’est donc parti pour un voyage de 14h dont un peu plus de 10h à bord de trains. Arrivée prévue à 22h. A Londres, je m’arrête quelques instants pour un ptit déj’ local au Burger King : mini pancakes au sirop d’érable et un seau de café qu’on m’a vendu comme étant un petit expresso. Quand je vois les quantités de café qu’ils servent à chaque client, je comprends mieux qu’il y ait pénurie d’eau sur l’Europe en ce moment !! Je cherche désespérément une poubelle pour jeter mon gobelet encore à moitié plein, mais encore traumatisés par les attentats de 2005, cela s’avère être un véritable challenge : toutes les bennes sont verrouillées, aucune poubelle en vue, je finis comme tout le monde par déposer mon gobelet sur un muret qui déborde de déchets. Il n’y a aucun doute je suis bien en Angleterre : le ciel est gris foncé foncé, et une pluie fine finit de me réveiller.
Dans le train pour Edinburgh, je laisser traîner mes yeux sur d’excellentes pistes en campagnes, boueuses à souhait, et je me régale d’avance de pouvoir m’y promener et d’avoir de la boue jusqu’au cou ! Je continue ma correspondance depuis Edinburgh jusqu’à Fort William en faisant une halte de quelques heures à Glasgow. J’en profite pour acheter du ravitaillement pour le pic-nic de demain : saucisson, pain, fromage et quelques barres de flocons d’avoines, le dépaysement est léger pour le moment.
Je m’amuse à faire LE test de compréhension d’anglais : je commande un Steak&Cheese dans un Subway en Écosse (=à l’accent terrible), tenu par des Indiens (=à l’accent terrible), où l’on va me poser plein de questions sur ce que je veux dans mon sandwich. Challenge accepted !
Je rentre ensuite dans une boutique locale : un magasin de kilts. La vendeuse me laisse gentiment prendre quelques photos. Je m’arrête ensuite quelques minutes devant un joueur de cornemuse et cela me rappelle la façon dont un jour un Anglais a tenté de m’expliquer ce qu’était un bagpipe : « Imagine that you squeeze a cat in your hands ».
Plus que 4h de train avant le point de départ !
Fort William 22h : il pleut, pour pas changer quand je descends du train. J’ai longtemps hésité pendant le trajet entre une première nuit sous la tente ou bien dans le confort d’un B&B. La météo a choisi le B&B pour moi. Je me dirige donc vers l’un d’entre eux qui, malheureusement affiche complet. Pas grave la région est touristique, il y en a des dizaines ici. Sauf que plus j’avance dans la ville et plus je me lasse de lire « No vacancies » sur les façades des B&B. Je commence à comprendre petit à petit, alors que la pluie commence à me couler tranquillement dans le dos, que je vais devoir passer cette première nuit sous ma tente. Qui plus est, je vais tenter le montage de cette tente pour la première fois et à la Petzl. Mais encore faut-il que je trouve une place où la planter. J’ai bien repéré un petit parc mais je n’ose pas.
Entre la recherche d’un B&B que je ne trouverai pas et la recherche d’un emplacement où planter ma tente pour la nuit, je erre depuis bientôt 1h dans les rues de Fort William, et la pluie commence à attaquer sérieusement mon moral. Je croise 2 Gugus, bière à la main qui essaient de me dire - je le comprends après les avoir fait répéter 6 fois leur phrase, je n’ai malheureusement pas étudié le Scottish bien plein en 3ème langue - qu’ils sont les 2 géants de Fort William. Je me serais bien arrêté papoter plus longtemps mais j’ai une belle nuit de merde qui m’attend, alors vous comprenez … En me dirigeant vers l’extérieur de la ville je remarque un petit bout de terrain entre 2 lotissement, fermé par une barrière. Je le mets de côté comme lieu possible de camping et je continue encore un peu. Après quelques minutes de marche, je tombe devant le Backpackers, une espèce d’AJ qui Ô miracle n’affiche pas complet !!! En me dirigeant le cœur léger vers l’accueil je remarque un magnifique squat dans le salon, des duvets dans tous les sens, à même le sol. Je commence à le sentir mal. En effet, un petit écriteau No vacancies est affiché fièrement sur le comptoir de l’accueil … Ce soir ce sera donc mon petit bout de terrain vague.
Je sors la Petzl et commence à me battre contre les piquets de la tente. Avant de partir, j’avais quand même fait un montage rapide dans mon salon, histoire de vérifier qu’elle était bien utilisable. A vrai dire c’était beaucoup plus simple à monter dans mon salon … La tente commence à prendre forme, je me dépêche autant que je peux pour que l’intérieur ne soit pas complètement trempé par la pluie qui tombe toujours. J’emmène un peu plus loin un crapaud qui voulait me tenir compagnie cette nuit. C’est enfin prêt, et je suis aussi sec qu’en sortant de la piscine. Je me faufile à l’intérieur de la tente, je remarque qu’une tente 1 place de moins d’1 kg offre un volume minuscule. Je ne peux pas m’asseoir, ni même me tenir allongé appuyé sur les coudes pour rédiger mon récit de voyage. Par contre elle est parfaitement étanche ! Tiens, il me manque 20 cm pour mettre mes pieds au fond de la tente, il faudra que je revois le montage de la tente. Mais ça attendra demain !